1° partie : autour du péché originel (Gn 3)
2° partie : d'où vient le mal ? De Dieu ? du diable ?
3° partie : Hypothèses sur la non-intervention de Dieu
4° partie : 4 réponses possibles
5° partie : à la place de Dieu
Avd : Mais avez-vous résolu l’énigme du mal ?
AvD : Certainement pas. Mais au moins avons-nous écarté une solution insatisfaisante en prétendant que si Dieu n’intervient pas, c’est qu’Il ne le peut pas. C’est une réponse trop humaine. La seule issue de secours, c’est, avec respect, nous être mis à la place de Dieu qui est capable de nous délivrer du mal. D’ailleurs, c’est la réponse de Jésus en actes. Il ne s’agit pas de penser « sur » Dieu, ni « contre » Dieu, mais « en » Dieu. Dans la Bible, en effet, la question est formulée autrement.
Avd : Comment cela ?
AvD : Oui, dans la Bible, les croyants posent la question à Dieu : « Seigneur, pourquoi laisses-tu faire le mal ? Pourquoi le permets-Tu ? » à la manière des psalmistes (Ps 3.6.7 …), même si on ne trouve jamais cette formulation avec ces mots. Cette question est déposée devant Dieu car le croyant sent bien que cette question le dépasse. D’ailleurs, quand il la pose, ce n’est pas de la théorie, mais parce qu’il est confronté à une situation réelle de détresse, de persécution. Les cris d’angoisse se transforment en final en cris d’espérance et en remerciement pour la victoire de Dieu qui ne veut absolument pas le mal. Le croyant ne peut que s’en remettre à Dieu !
[2° extrait : Benoît XVI Spe salvi, encyclique sur l'espérance chrétienne (2007),
n°38 sur la consolation; cité dans le livret diocésain p. 76]
Avd : Et Jé jé jé … j’ai du mal à dire son nom
AvD : Jésus ? Son nom veut dire « Dieu sauve ». C’est ‘Emmanuel’, « Dieu-avec-nous », contre le malheur et la mort. En Lui, Dieu se fait proche des hommes. Les évangélistes racontent qu’il guérit des malades, paralysés, sourds, lépreux et chasse des esprits mauvais. Il agit aussi bien en faveur de juifs que de non-juifs. Il fait aussi le lien entre la foi en lui et la guérison.
Avd : C’est facile. Facile de croire en lui alors qu’ils n’avaient rien à perdre.
AvD : Sur la question du mal, Jésus nous éclaire grâce à une petite histoire. Dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10, 30-35), il résume l’histoire de l’Humanité. Un homme en voyage est agressé – la victime du mal - et laissé pour mort, comme l’humanité qui a été blessée à la suite du péché originel et de chaque péché. 2 hommes passent à côté de lui sans s’arrêter.
Avd : Ils ont d’autres choses à faire !
AvD : Ils se détournent, mais ne nous appesantissons pas là-dessus. Un 3° homme passe mais, lui, il le voit. Il est saisi de pitié, - c’est le verbe grec qui est aussi employé quand Jésus est face à une foule, et qu’il a le cœur bouleversé car elle est sans berger (Réf). Ce n’est pas de la pitié de haut, c’est son cœur qui est complètement bouleversé. Que fait l’homme ? Il s’arrête. Je souligne les verbes utilisés pour décrire son action : « il s’approche, bande ses plaies, y versant de l’huile et du vin, puis le charge sur sa monture pour le conduire jusqu’à l’auberge » (v. 34) où il confie à l’aubergiste jusqu’à son rétablissement.
Avd : Cela, n’importe qui l’aurait fait !
AvD : N’importe qui, sauf les 2 premiers !
Avd : Mais c’est une histoire !
AvD : Une histoire, c’est vrai ! Et Jésus donne en exemple un Samaritain, alors que ces derniers étaient mal vus par les Juifs !
Avd : Jésus fait de la provocation !
AvD : Il va plus loin ! Jésus s’identifie à ce Samaritain qui soigne tout homme blessé, tout pécheur, blessé mortellement par le poison du péché, du mal, dont le dard est en nous. Ce poison vient faire son travail jusqu’à ce que, par sa vie donnée pour tous, sa mort et sa résurrection, Jésus vienne apporter le vaccin qui nous guérit, qui vient remettre dans la vraie vie. A aucun moment, on ne part à la recherche des agresseurs pour se venger ou les arrêter. Toute l’attention est focalisée sur la victime.
Avd : Et l’auberge, c’est l’hôpital ?
AvD : En quelque sorte. Pour certains, cette auberge représente l’Eglise. Tu as été agressé, tu es blessé, je ne t’abandonne pas. Je vais te chercher pour te ramener à l’Eglise où on va prendre soin de toi. Par le pardon de Dieu, par l’huile des malades, tu reprends des forces. Tu es à nouveau intégré à ce peuple, ce peuple plus grand. Tu n’es plus seul.
Avd : Mais pourquoi Jésus raconte-t-il cette histoire ?
AvD : Il illustre l’amour du prochain (10,29). Il conclut sa discussion ainsi : « Va, et toi aussi, fais de même. » (10,37b) A notre tour, nous avons à être comme ce Samaritain. Nous avons à refaire les mêmes gestes, à ramener à la bergerie la brebis qui s’est perdue, égarée (cf Lc 15, 4-7).
Avd [se mettant les mains sur les oreilles] : Je ne peux entendre cela !
AvD : Ecoute bien pourtant. Jésus sauve du péché, de la folie du mal, de la mort. A aucun moment, il ne donne une réponse à l’origine du mal. Sa seule manière de répondre au mal est l’amour crucifié. Il souffre pour de vrai, comme disent les enfants. Il ne fait pas semblant.