Echos de "Peut-on tout pardonner ?" (15.03.2016)
II. Y a-t-il un pardon chrétien ? Doit-on tout pardonner quand on est chrétien ?
- Au cœur du Notre Père, il y a une phrase très étonnante : « Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à ceux qui sont nos débiteurs », à ceux qui nous doivent.
Jésus relie le pardon que je vais donner au pardon du Père ; les 2 ont l’air tellement reliés, que si je ne pardonne pas, je ne peux pas être pardonné. Face à quelqu’un qui ne VEUT pas pardonner, on chemine quand la blessure est profonde.
- Parabole du débiteur impitoyable (Mt 18)
Rigueur absolue : pourquoi le Père ne peut pas pardonner si on ne pardonne pas du fond du cœur ? Dans cette parabole, cet homme un serviteur mauvais, un ambassadeur délégué ; 10 000 talents = 5 fois la somme que la Judée payait chaque année en impôt à Rome => c'est donc une somme considérable. On a affaire à quelqu’un qui est représentant du roi, à qui le roi a confié la responsabilité de lever l’impôt en son nom. Il se dit : « Si je lui impose cette dette de 10 000 talents, il va oppresser le peuple et, moi, je vais passer pour un roi méchant, car il va être sévère avec tout le monde. » => il remet sa dette pour que l’autre remette ses dettes
En ne remettant pas cette dette, le serviteur cache la bonté de son roi.
Nous pouvons tous être des serviteurs de la miséricorde divine, comme prêtre, comme baptisé, ...
Et si, moi, je refuse de pardonner, je risque de transmettre une image de mon roi, de mon Dieu qui est une image de quelqu’un de sévère, de quelqu’un qui ne pardonne pas et d’empêcher quelqu’un de découvrir qu’il est aimé de Dieu.
Dieu me remet ma dette pour que je la remette. Nous sommes des ministres de la miséricorde divine.
Je suis dans la grâce que Dieu m’a faite de la miséricorde pour que je la transmette au monde.
On passe de la blessure de chacun à la mission de chacun. En pardonnant, je transmets le pardon de Dieu, l’image d’un Dieu qui pardonne.
Jésus l’a vécu lui-même, sur la croix : « Père, pardonne-leur » : on change de perspective.
Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre,avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
Nouvelle Traduction liturgique de la Bible AELF
Des questions sur la parabole en lien avec sa vie quotidienne, sa vie de couple ou de (grand-) parent, ou au travail