Pour quoi voter ?
Regard de l’Eglise sur la vie en société
Mardi 11 février 2014
Avec l’équipe d’organisation des Questions essentielles, nous avions prévu une question d’actualité en février. Il y a quelques semaines, il nous est apparu que les élections tant municipales qu’européennes comportent des enjeux importants. Nous sommes à quelques semaines du 1° tour des élections municipales et à quelques mois des élections européennes. Ce sont deux enjeux de notre vie citoyenne : l’échelon le plus proche, celui de la commune, de la ville, et l’échelon le plus large au niveau de presque un continent, l’Europe.
La question n’est pas « Pourquoi voter ? », en un seul mot (« pourquoi » = un droit, un devoir cf carte d’électeur), ni « Pour qui voter ? » au sens où j’aurais à vous dire pour quel candidat ou quelle liste ou quel programme voter. Pourquoi, ne répondrai-je pas à cette question ? Parce qu’un des objectifs de ce temps ensemble, est d’éclairer nos consciences en attirant notre attention sur des points importants voire essentiels, à prendre en compte tant du point de vue personnel, individuel, que social, collectif. Il s’agit d’une réflexion et de points de repères proposés par l’Eglise par rapport à la société, dans la logique de l’esprit de l’Evangile.
Mais c’est bien « pour quoi » en 2 mots, c’est-à-dire, en vue de quoi ? C’est une vaste question, mais surtout une question essentielle. Il y en aura d’autres auxquelles nous essaierons de répondre.
Pour quel projet de société ? Pour quelle vie ensemble ? à 2 échelons très différents : au niveau d’une commune (= > les effets peuvent paraître plus visibles ; c’est plus motivant) et au niveau du continent européen (c’est large, voire loin => les effets dans la vie quotidienne sont peut-être moins visibles ; c’est plus distant).
Cette question a un intérêt pour « celui qui croit au Ciel et celui qui n’y croit pas » (Louis Aragon La rose et le véléda). Libre ensuite à chacun de se positionner, de décider en son âme et conscience.
Pourquoi l’Eglise a-t-elle une parole sur des sujets de société ? Pour plusieurs raisons :
- Le christianisme est la religion de l’incarnation : le Fils de Dieu s’est fait homme (Jean 1,14), il est venu partager notre vie terrestre ;
C’est le prolongement de la création où Dieu après avoir créé l’homme et la femme leur a confié tout ce qu’il avait créé dans les jours précédents (Genèse 1,28) ; Dieu leur a confié, autrement dit, il leur a fait confiance ;
La foi chrétienne fait un lien entre la foi et ses actes (Jacques 2, 14-17) ;
Les évêques du Concile Vatican II (1962-1965), dans leur texte sur les liens entre l’Eglise et le monde, font le constat, dès les premières phrases du texte, sur beaucoup aspects de la vie, les chrétiens vivent des points communs avec tous les autres hommes : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. (GS 1).
- Pour éclairer et former les consciences, des repères pour décider de façon éclairer et pas uniquement à l’affectif, selon ce qui ferait plaisir ;
- Il existe une loi commune à tous les hommes, quel que soit leurs options philosophiques, politiques ou religieuses, pour une vie bonne pour tout être humain vivant en société ;
- Pour que les baptisés agissent, s’engagent là où ils sont. Il s’agit pour eux d’être responsables, en actes et en paroles, dans le monde et pour la société dans laquelle ils sont insérés.
Je ne vais pas vous parler de la Cité de Dieu (St Augustin), mais bien de la vie en société entre hommes dans la logique de l’Evangile. Nous sommes inscrits dans un « ici et maintenant ». La manière de croire en Dieu des disciples de Jésus engage leur manière de vivre et de s’engager dans la Cité.
« La foi est un bien pour tous, elle est un bien commun, sa lumière n’éclaire pas seulement l’intérieur de l’Église et ne sert pas seulement à construire une cité éternelle dans l’au-delà; elle nous aide aussi à édifier nos sociétés, afin que nous marchions vers un avenir plein d’espérance. » (François La lumière de la foi n°51)
« La lumière de la foi est capable de valoriser la richesse des relations humaines, leur capacité à perdurer, à être fiables et à enrichir la vie commune. La foi n’éloigne pas du monde et ne reste pas étrangère à l’engagement concret de nos contemporains. Sans un amour digne de confiance, rien ne pourrait tenir les hommes vraiment unis entre eux. Leur unité ne serait concevable que fondée uniquement sur l’utilité, sur la composition des intérêts, sur la peur, mais non pas sur le bien de vivre ensemble, ni sur la joie que la simple présence de l’autre peut susciter. » (François La lumière de la foi n°51)
Pour quoi donc voter ? => 5 points de repère, où vous allez le voir, la foi chrétienne n’est pas explicite. Ces 5 points de repère peuvent donc être repris par n’importe qui. S’il fait bien les présenter en leur donnant un ordre, ces 5 aspects sont en interaction, en synergie : la dignité de la personne, le bien commun, la destination universelle des biens, la subsidiarité et la solidarité.
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